A mes sœurs.
On parle souvent de nos beaux voyages, de nos grandes découvertes, de nos rencontres, de nos défis… On partage fièrement nos photos avec nos grands sourires. Mais aujourd’hui, je vais vous partager ce que je n’ai pas photographié.
Je vais vous parler de ceux qu’on laisse derrière. Ceux qui jamais ne vous en voudront. Enfin non, ils vous en voudront un instant mais ensuite comprendront. Ceux qui vous portent sur les chemins par leurs ondes positives d’amour inconditionnel… Un amour qui vous suit à chaque instant.
L’aventure de la solitude
Partir un an ou plus en bougeant sans cesse, c’est l’aventure, c’est faire ses choix sans être influencé par la pression sociale et familiale (voire amicale). Parfois, c’est oublier qui on était là-bas et être ce que l’on veut ici. C’est changer d’endroit quand bon nous semble, quand on veut simplement être ailleurs…
C’est la solitude aussi. Une solitude que la plupart du temps est appréciable. Il permet justement de faire ses choix sans se soucier de quiconque. D’avancer vite et de prendre son temps tout à la fois. D’avoir le luxe de penser de longues heures, de se plonger dans sa tête sans être déranger. Il y a un certain bonheur à la solitude. Comme un vieux loup solitaire qui avance sans cesse, ne se retournant jamais. Tout est devant et on continue de marcher.
Les rencontres, intenses mais éphémères, nous font croire que jamais nous ne sommes seuls. Et c’est vrai, dans un sens. L’humain grégaire ne laisse pas un loup solitaire, il veut l’apprivoiser…
Cependant, plusieurs fois je me suis retrouvée sur la route à rouler de longues heures. Seule, j’avais décidé de ne pas prendre de co-voitureur. Le paysage, dans le désert australien, se déroulait face à mes yeux, pareil durant des milliers de kilomètres. Je l’appréciais. C’était mes moments les plus solitaires.
J’enclenchais la musique et chantais dans ma boîte à quatre roues. Soudainement, c’est LA musique, celle qui vous noue la gorge, qui rend votre vue floue. Je désire la chanter mais l’émotion monte encore et encore. Cette chanson vous rappelle ce moment où vous étiez toutes dans la voiture, avant de partir, vous alliez au restaurant… Une simple pizzeria, le temps était infecte mais vous étiez ensemble, à rire jusqu’à en cracher par le nez. Là-bas, j’ai mes sœurs. Les ai-je abandonnées? Non, elles sont fières de moi. Je veux les serrer dans mes bras. Je veux vérifier que le filleul ne m’oublie pas, il est si jeune… Mais je suis trop loin.
Il y avait aussi, ces moments où je m’endormais dans la voiture, à l’abri des rangers qui auraient pu me débusquer… Je n’avais personne à qui dire bonne nuit. Des fois, je prenais mon smartphone et communiquais avec ma vie d’avant. J’étais heureuse que mon ancien amour me parle à nouveau, ça me rassurait et je m’imaginais qu’il serait là à mon retour. J’avais mes amis qui me jalousaient ironiquement et qui me partageaient leur vie. Je voulais qu’ils viennent boire un verre avec moi et qu’on parle, qu’on rit, qu’on danse, qu’on s’oublie,… Ou alors nous n’aurions rien dit et ils m’auraient compris en laissant place à un silence rassurant.
Et des fois, je me retrouvais avec moi-même, à penser à la vie extraordinaire que je menais pour le moment…
Ceux que l’on retrouve
1 an passa…
Je rentre à la « maison », rien n’a changé… je suis parmi les miens. Heureuse, racontant mes péripéties, prenant chacun dans mes bras et versant des larmes si facilement que ça en devenait gênant. Les premiers mois, j’étais enjouée, m’imaginant vivre comme là-bas avec le bonheur de relations établies et fortes.
Mais qui s’attache perd en liberté. Je le savais. Je n’ai rien contre mes chaînes, je suis un prisonnier consentant.
En fait, tout a changé.
J’avais oublié à quel point on peut se sentir seul même chez soi, presque comme quand j’étais sur la route. Le lien était-il plus fort quand tu étais loin? Tu les aimes tant mais pourtant quelque chose manque. Les espoirs que tu avais portés sur ta vie d’ici ne durent pas. Me manquerait-il un peu de route? La pression sociale que je pensais évanouie à jamais revient petit à petit. Tu aimerais te rassurer mais rien, ni personne n’y arrive. Tu ressens l’appel de la liberté… et l’amour inconditionnel te donne des ailes.
Ceux que l’on retrouve redevienne ceux qu’on laisse derrière. Comprendront-ils qu’ils sont ma maison intérieure? Celle que j’emporte avec moi partout où je vais. Ils sont mes ailes et mes étoiles…
Les photos de cet article sont libres de droit et proviennent du site Pexels
Oooooh jsuis tout émotionné :'(
C’est superbe…
Ma gorge se serre… ton article m’emporte quelques années en arriere même si je ne suis jamais partie si longtemps…
Je me souviens que je redoutais que mes amis m’oublient, passent de bons (meilleurs?)moments sans moi 🙂 !
Je me souviens de ces douloureux au revoir et ces émotions controversées à mon retour! Ahhh… merci pour ce court voyage dans le temps des souvenirs Madame B.
Mon emeu <3 🙂
Waw quelle déclaration petite soeur! C’est une fierté d’avoir une soeur telle que toi, encore hier je parlais de toi, de tes voyages, de toutes tes capacités… Pour ma part j’ai besoin de parler de ton futur départ pour mieux appréhender ton absence … Te savoir très (trop) loin de nous est dur à vivre … mais je préfère savoir que tu es heureuse, PASSIONNÉE loin que tout près de nous!!! L’Amour c’est l’Acceptation!
Je voudrai aussi m’excuser, car même proche on est loin… je ne prends pas le temps pour passer du temps ENSEMBLE! On devrait faire la liste des choses à faire à trois avant ton prochain départ!!! Comme ça quand tu seras loin tu auras des nouveaux films à te faire défiler 😉 JE T’AIME!
C est dure d être maman ,je voulais une Pauline aventureuse dans tout les sens du terme ,mais maintenant j ai peur qu elle parte , et de plus l’à revoir .je voudrais avoir toujours mes filles près de moi
enfiiiiiin mes soeurs lisent l’article :p