Voyager c’est aussi rencontrer l’Autre. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Cet article a la volonté de vous pousser à prendre conscience de vos stéréotypes, de s’en déculpabiliser et d’avancer vers Autrui.
Avant, pendant et après mon voyage au Burkina Faso, j’ai travaillé sur les stéréotypes et leur transformation ou non en situation de voyage. Avec ce travail, j’ai étudié en profondeur ce sujet. Mais avec cet article et ce blog en général, j’aimerai me libérer du carcan académique, de la justification sempiternelle. Ecrire non pas pour énoncer d’où viennent mes idées, même si cela reste important. Mais pour vous faire changer d’idées, écrire pour tenter d’amener une autre solution ou du moins une manière de voir différemment. Ecrire aussi pour confronter nos idées.
Comprendre les stéréotypes
J’espère dissiper tout le mal que vous pensez de ces concepts pour les écarter loin de la notion de racisme. Les stéréotypes, préjugés et représentation de l’Autre sont utiles et inévitables.
Premièrement, notre cerveau met en place des processus de simplification pour traiter les données. Il a besoin de catégoriser et de simplifier pour appréhender le monde. Le cerveau met tout dans des boîtes. En résulte les stéréotypes.
Deuxièmement, ils sont la conséquence d’un besoin humain : l’appartenance à un groupe. L’Homme est grégaire et construit donc son identité par rapport à Autrui, c’est « nous » par rapport à eux.
[Les stéréotypes] sont des systèmes d’interprétation, régissant notre relation au monde et aux autres, [qui] orientent et organisent les conduites et les communications sociales.
(JODELET D., Les représentations sociales, Paris, PUF, 1991, p. 36-37 )
Les stéréotypes ainsi que les préjugés ne sont pas sans utilité car ils aident à donner du sens au monde. Bref, tout ce blabla pour vous faire comprendre que finalement les stéréotypes aident à la communication.
Prendre conscience de ses propres stéréotypes et s’en déculpabiliser
Après avoir accepté que c’était inévitable, la deuxième étape est de vous rentre compte de vos propres stéréotypes. Vous pensez que « tous les noirs ont une grosse bite » ou que « les français mangent des baguettes et sont arrogants », que « les arabes sont bagarreurs », que « les italiens sont des mafiosos». Je n’ai pris que des grands classiques et certains irréductibles diront qu’il y a une part de vrai. La vérité est éphémère. LA vérité n’existe pas mais DES vérités existent et faisons tout pour qu’elles coexistent.
Vous savez que c’est une simplification de votre cerveau, laissez faire votre cerveau mais ayez conscience que ce que vous pensez un jour peut changer le lendemain. Qu’une pensée, un stéréotype ne sont que des représentations, qu’ils vous aident à appréhender le monde mais ne sont pas la réalité et c’est là qu’on va à la rencontre de l’Autre. En confrontant nos images mentales à la réalité, en bouleversant nos schèmes. Les portes s’ouvrent, la liberté apparait. L’important n’est pas tant vos stéréotypes mais votre capacité à vous remettre en question.
Ne pas oublier que des « cons », il y en a dans chaque culture et rencontrer un chinois qui est petit ne veut pas dire qu’ils sont tous petits. Mais, même en le sachant, cela n’empêchera pas de répéter «les petits chinois… ». N’oubliez pas de vous déculpabiliser de ces abus de langages.
Aller vers l’Autre
Maintenant comment aller vers l’Autre. Il faut réussir à se mettre dans une posture ouverte vers l’extérieur. Cela demande de vous :
- D’être vrai, d’être soi-même
- D’exprimer ses opinions, sa personnalité
- Tout en étant à l’écoute de l’Autre, sans juger, comprendre sans forcément approuver
- De ne pas subir sa vie, mais la vivre comme on l’entend
- Être constructif, voir le positif en soi et chez les autres
- Mais accepter que du négatif arrive
- Prendre le temps de se respecter soi-même
Car souvent le rejet de l’Autre, c’est souvent un rejet de soi-même et une basse estime de soi.
Ensuite, il faut prendre un risque :
Faire le premier pas
Sortir de sa zone de confort et confronter ses schèmes mentaux à la réalité !
Attention à l’exagération
Se déculpabiliser et continuer à utiliser des stéréotypes ne veut pas dire qu’il faut sans cesse le répéter. Sachez qu’une personne me rappelant sans cesse « Femme au volant, mort au tournant » finira certainement par subir ma conduite de femme pseudo-inconsciente… Bref, prenez conscience que les stéréotypes sont intéressants en situation de nouveauté pour appréhender l’Autre et aller vers lui. Ils ne le sont pas quand ils deviennent répétitifs et blessants.
A la fin de mon mémoire sur les stéréotypes, j’ai pu comprendre qu’un changement des stéréotypes est peu probable. Mais qu’ils sont malléables, qu’ils peuvent disparaître et réapparaître quand la situation l’exige. C’est pour cela que je ne parle pas de les changer ou de les supprimer mais de faire avec. De s’ouvrir aux autres malgré nos préjugés.
Qu’en pensez-vous ?
C’est tellement vrai. Rien à redire. Et quand on voyage, cela me parait indisepnsable.