Le houblon et moi, est-ce une histoire d’amour? Sans trop le connaître, je le vénère à ma manière… Mais c’est une histoire plutôt platonique! Jusqu’à ce vendredi où j’ai pu le rencontrer. De mes yeux, je l’ai vu! De mes mains, j’ai pu l’étreindre. De ma bouche, j’ai pu le goûter. Mais surtout, j’ai pu mieux le comprendre! Et vous savez qu’une bonne relation repose sur la communication.
Suite à une invitation par Leffe, je me suis retrouvée dans les champs de houblon à Poperinge, près de Ypres en Belgique.
Poperinge, la Flandre, les terres natales de Gambrinus, roi mythique de Flandres et de la bière, amateur de la bonne humeur… Tout est dit? Certainement pas.
Promenons-nous dans les champs… de houblon
Le saviez-vous?
– Le houblon peut grandir de 10 cm par jour!
– C’est le cône femelle qu’on utilise dans la bière car lui seul aromatise et donne l’amertume… Ah ces femmes!
Le houblon fait partie des éléments indispensables à la création d’une bière. Les autres sont l’eau, la levure, le malt (d’orge principalement). On peut aussi, mais c’est en option, ajouter du froment pour les blanches, des épices et du sucre.
Le houblon contient des résines qui donnent l’amertume à la bière mais il contient également des huiles essentielles qui enrichissent sa palette aromatique.
C’est une plante grimpante qui peut atteindre jusqu’à 4-5 mètres de haut. Cela donne des champs assez impressionnants. Tout en hauteur!
Une photo vaut mieux qu’un long discours… Mais vous aurez droit au long discours tout de même!
La Belgique est en fait un tout petit pays producteur. C’est seulement à Poperinge et Aalst qu’on en produit. La Belgique avec ses 360 T est loin derrière le plus gros producteur, l’Allemagne et ses 28600 T. Toutes les bières belges ne sont donc pas faites avec du houblon belge, loin de là! Il provient souvent de Pologne ou de République Tchèque.
Après un rapide tour dans les champs, c’est au hangar que je découvre comment les cônes sont enlevés de la plante et entreposés pour être ensuite emballés et expédiés.
Houblon et moi : Dégustons!
Houblonnez moi! Vient évidemment la dégustation, accompagnée d’une zythologue indépendante bien sympathique.
Au programme, différentes bières de la gamme Royale de Leffe avec des houblons spécifiques pour chacune. La levure est la même et on peut donc se concentrer sur le goût du houblon!
Avant tout, il faut savoir qu’il existe deux types de houblon ou plutôt des houblons à dominance :
- Amer
ou
- Aromatique
Tout l’art du brasseur réside dans la bonne combinaison et l’ajout du houblon au bon moment du brassage pour apporter de l’amertume tout en conservant les arômes du houblon…
Revenons à nos bières dégustées :
- Une Leffe Blonde qui nous servira de « témoin » pour mieux apprécier l’ajout de houblon plus aromatique dans les bières suivantes.
- Une Leffe Royale Whitbread Golding : Avec du houblon anglais traditionnel mais cultivé en Belgique, à Poperinge! Fruitée et légèrement amer, une bière élégante.
Les deux suivantes utilisent la technique du Dry Hopping (ou houblonnage à cru). Contrairement à la méthode standard où le houblon est ajouté au moût du malt encore chaud. Ici la bière refroidie passera sur un lit de houblon afin de conserver les huiles aromatiques contenues dans les feuilles de houblon. Ces bières sont :
- La Leffe Royale Cascade IPA : du nom de son houblon américain très floral qui procure une fraîcheur intense. IPA signife Indian Pale Ale et ce sont des bières très houblonnées avec une odeur particulièrement florale.
- La Leffe Royale Mapuche : Mapuche est un houblon développé et cultivé en Argentine. J’ai pu sentir des notes de chocolat qui m’ont agréablement étonnées. C’est une bière complexe avec des saveurs épicées et une amertume délicate.
J’avoue avoir eu une petite préférence pour les deux dernières. J’aime beaucoup les odeurs particulières des IPA et leur grande fraîcheur.
S’accorder avec la bière
Le food pairing, ou l’art de combiner les ingrédients pour un plus grand plaisir, n’est pas réservé au vin. Sur la table des gastronomes, la bière a son lot d’avantages à offrir aux palets! Elle offre une diversité incroyable et un monde d’accords avec des mets divers!
C’est donc, pour mon plus grand plaisir, après avoir fièrement gambadée dans les champs de houblon, que je m’assois à table en compagnie d’un verre de Leffe qui changera selon le plat servi.
Pour vous faire baver, voici quelques photos de mes plats, un menu signé David Martin :
A souligner que la Leffe Ruby a très bien accompagné le dessert à la pomme et hibiscus.
Une ribambelle de goûts dans ma bouche m’a entrouvert un monde de merveilles! J’aimerai à l’avenir découvrir et apprendre ces accords entre bière et nourriture!
Leffe : ce requin?
En acceptant l’invitation, j’avais un peu peur de me jeter dans la gueule du loup. Ce loup, c’est Ab-InBev, le groupe leader sur le marché brassicole (et détenteur de la marque Leffe)… On oublie la micro-brasserie, là c’est du lourd, c’est du gros poisson! Je ne vais pas rentrer dans un débat qui met les grosses sociétés sur le banc des accusés. Même si, il ne faut pas se leurrer , ce sont des multinationales avec leur lot d’immoralité.
Je me pose aussi la question de la composition des bières, de leur saveur. Récemment, la brasserie Bosteels (les bières Kwak et Triple Karmeliet), a été rachetée par Ab-Inbev. Une des premières questions qui s’est posée dans les médias, a été : vont-elles changer de goût? A cela a répondu Jean Hummler (dans un article de la RTBF), gérant d’un café bruxellois spécialisé en bières artisanales, le Moeder lambic : » Essayez de préparer un spaghetti pour 4 personnes et un autre pour 4 millions de mangeurs ! Quand vous en faites un pour 4 millions de personnes, le produit final est différent. Le goût et la saveur varient nécessairement. C’est ce qu’il va se passer avec les bières de la brasserie Bosteels « .
Et d’autres d’ajouter que la différence ne se sentira pas… De mon côté, je ne sais pas. Je sais, par exemple, qu’un des éléments qui donnent du goût est l’eau, souvent puisée à côté de la brasserie. En ce concerne la bière Leffe, pour des raisons d’hygiènes, de quantité de production, de délocalisation, l’eau n’est plus puisée dans la rivière Leffe (près de Dinant). Une Leffe d’un autre pays serait donc t’elle différente?
Ma préférence à moi…
Tout ça pour arriver à la conclusion que j’aurais toujours une préférence pour ces petites brasseries conviviales, qui gardent ce côté « fait maison ». (Même si au final, la plupart des brasseries « artisanales » importent également leur houblon depuis d’autres pays que la Belgique.)
Néanmoins, je vais plutôt souligner les choses positives que j’ai apprises ce jour-là. D’abord sur le houblon, puis sur la bière en général comme vous avez pu le constater dans cet article. Mais aussi sur la marque Leffe!
La responsable marketing de Leffe que j’ai rencontrée est issue d’une famille de brasseurs belges. Elle s’y connaît et elle adore ça. Ce fut très agréable d’être en sa compagnie et de parler autour de la bière! C’est garder un peu de tradition que de prendre une personne issue du monde brassicole!
Leffe continue à consulter les moines de l’abbaye pour la fabrication de leur bière et à leur reverser une partie des bénéfices. (C’est la moindre des choses, allez-vous me dire? Peut-être, mais la moindre des choses n’est parfois pas réalisée!)
J’ai également beaucoup apprécié qu’il travaille avec des producteurs locaux… Evidemment ce n’est que pour un de leur houblon mais c’est un début.
Je ne savais pas tout ça et reconsidère un peu ma position sur ces « grandes marques », même si souvent j’ai plus d’entrain à découvrir une bière moins connue et moins marketing. J’ai beaucoup apprécié cette soirée et je vais me remettre à déguster des Leffe avec plus de plaisir. Et ça c’est le principal : simplement apprécier ce que l’on a devant nous en compagnie de personnes intéressantes!
N’oubliez pas : Une bière brassée avec savoir, se déguste avec sagesse…